{Nutrition} Rencontre avec le Professeur Henri Joyeux

En novembre, j’ai eu la chance de pouvoir rencontrer le Professeur Henri Joyeux. Il était de passage aux Etats-Unis et par skype, nous avons pu discuter. Je lui avais envoyé des questions par écrit : il a préféré répondre auparavant à mes questions par écrit et nous avons continué la discussion par skype, avec son épouse, Christine. Cette rencontre a été, je dois le dire, un grand honneur pour moi. J’ai été surtout impressionnée par la simplicité de notre conversation via skype, de la façon, dont il me traitait d’égal à égal, très intéressée par mon expérience américaine et par ce que je pouvais aussi lui apprendre.

Alors bien sûr, j’entends déjà des gens qui grondent en parlant du caractère polémique du professeur. J’en étais bien consciente, moi aussi. J’ai d’abord voulu me concentrer sur son message au niveau de la nutrition.

Vivant aux Etats-Unis depuis 10 ans, je suis bien placée pour savoir combien l’alimentation, et surtout la mauvaise alimentation peut impacter de façon générale notre santé.

Il y a 3 ans, mon mari de façon brutale, a commencé à être confronté à des problèmes digestifs qui ont eu des répercussions très profondes sur sa santé (douleur, perte du sommeil etc) : c’était ce qui s’appelle un Leaky Gut très avancé. Une prise en charge par un médecin naturopathe américain et une remise en question totale de sa façon de manger, lui ont permis de se sortir de cela, alors que les médecins classiques n’avaient rien à lui offrir si ce n’est des médicaments symptomatiques. Ayant été profondément touchée par cela, j’ai commencé à regarder ce que nous mettions dans nos assiettes et cela m’a amenée à écrire un livre sur l’alimentation aux Etats-Unis : Bien manger aux Etats-Unis. Dans mes recherches pour l’écrire, j’ai été amenée à suivre de nombreuses personnalités américaines, médecins qui eux aussi s’insurgeaient sur l’alimentation transformée et leurs effets sur la santé.

C’est donc tout naturellement, que mes questions aux Professeur Joyeux, se sont portées sur l’alimentation.

Oralement, nous avons abordé la question épineuse des vaccins. J’ai apprécié les réponses mesurées du Pr Joyeux. M’étant spécialisée récemment dans le domaine des toxines environnementales, la présence d’aluminium dans les vaccins me trouble et j’estime, que sans remettre en question les grands principes de la vaccination, il faut cependant, se poser la question de la potentielle toxicité d’une introduction directement dans le sang d’un métal lourd tel l’aluminium. Cet article, sciemment, ne parlera pas de vaccins. Mon objectif étant plutôt de se focaliser sur l’alimentation en comparant ce qui se passe aux Etats-Unis et en France.

 

 

Qu’est ce qui vous a amené à passer de la cancérologie à la nutrition ? (est ce que la connexion était évidente ? )

En 1972 ma thèse de doctorat était sur le thème l’Intestin artificiel qui a consisté à remplacer intégralement les fonctions nutritionnelles du tube digestif. J’ai du intégrer toutes les fonctions que nous devions remplacer : apporter par voie veineuse les 24 nutriments que nous prenons chaque jour dans notre alimentation sans nous en rendre compte. J’ai donc mis au point le « All in One » en un seul contenant qui a pu être infusé dans le système sanguin et a sauvé la vie à de nombreux patients atteints de cancer qui ne pouvaient être traités du fait de leur dénutrition, cachexie souvent.

Cet intestin artificiel « Artificial Gut » a fait rapidement le tout du monde, ce qui m’a valu en 1986, le prix international de cancérologie, pour tous ces travaux.

Ces bases nutritionnelles m’ont permis de me rendre compte qu’à partir des années 85, les patients n’étaient plus dénutris, car bien nourris artificiellement et surtout que les patients atteints de cancer étaient sur et malnutris. Mon premier livre grand public « Alimentation et Cancer » est de 1986.

Vous avez remis en cause pas mal de dogmes de la médecine à travers la nutrition, voire même la micro-nutrition, comment voyez-vous une meilleure intégration de ce concept dans l’approche de la médecine en France ?

On retrouve dans au moins la moitié des cas de cancer, de mauvaises habitudes alimentaires : trop de produits animaux, surtout de produits laitiers (le lactolisme, en plus de l’alcoolisme mondain), de viandes rouges et charcuteries et l’on cerne de mieux en mieux les multiples causes des cancers sans pour l’instant les classer par ordre d’importance.

La génétique dans 5% des cas, la surnutrition, le stress de plus en plus chronique, les consommations médicamenteuses abusives (hormones et anti-ceci anti-cela..) la sédentarité qui réduisent tous les défenses immunitaires de manière inconsciente.

Quelles sont les principales différences que vous voyez dans l’approche américaine de la nutrition ?

Aux US, on se met difficilement à table, la tendance est au grignotage, à l’addiction aux produits sucrés et liquides qui sont peu ou pas mastiqués. Le palais des saveurs est peu ou pas utilisé. Il faut remettre en place des notions de base : à quoi servent les dents, les glandes salivaires, les papilles de la langue que l’on refait tous les 10 jours, l’odorat qui se renouvelle tous les 3 mois.. le foie tous les ans, le globules rouges tous les 120 jours, le blancs tous les 7 jours…

Le jeunes ont compris l’importance de l’activité physique, mais pas encore de la nécessité de changer ses habitudes alimentaires sauf les Végans, qui deviennent excessifs et se carencent en 1 à 2 ans en vitamine B12, A et D, d’où des complémentations très à la mode.

Est ce que vous pensez que la plus grande toxicité de l’alimentation américaine y est pour quelque chose ?

Oui certainement. Les produits ”organics” sont encore trop chers, sauf si on prend des produits de proximité directement chez l’agriculteur Bio ou Biodynamique qui n’est pas assez valorisé. C’est le premier acteur de notre santé.

Ce qui est incroyable c’est qu’on ne s’est pas soucié du sucre pendant des années, alors que le diabète commençait à faire des ravages, surtout ici où tout est trop sucré.

Question de business avec les soda, coca, macdo.. et une publicité très puissante : le sport, les jeux olympiques, les coupes du monde.. On a américanisé la planète.

On paye la facture très cher et ce sont surtout les labo pharmaceutiques qui en profitent payés par l’assurance maladie, la solidarité ou les mutuelles..

On portait son attention sur les lipides alors que les acides gras insaturés sont essentielles dans la formation des cellules, des neurones mais aussi des hormones et des neurotransmetteurs : comment expliquez vous qu’il y ait eu une telle dis connexion entre la nutrition et la médecine ?

La médecine partout dans le monde en est au siècle dernier avec les régimes : du diabétique, de l’hypertendu, du goutteux, de l’obèse.. et en plus des médicaments inutiles ou dangereux. On parle de diabète à vie, d’hypertension définitive, d’obésité impossible à réduire sauf maintenant avec la chirurgie ou les ballons, de la goutte à traiter à vie, comme les maladies auto-immunes : thyroïdite, rhumatismes…

Le grand public en sait plus que les médecins en matière de relation santé et alimentation. Il a compris les abus des labos pharmaceutiques. Avec anxiolytiques, anti-dépresseurs, somnifères on a créé de nouvelles maladies. On a voulu remplacer l’alimentation que l’on prépare avec amour par l’alimentation industrielle, avec conservateurs, exhausteurs de goût, sels ou sucres. On a profité du fait que les cuissons étaient trop longues pour les supprimer d’autant plus que les femmes étaient au travail. On a changé de mode de vie.

Or on sait aujourd’hui qu’on peut préparer (homme ou femme et même enfant) très vite un repas, en moins de 20’ avec des salades de toutes les couleurs et quand il faut faire cuire viandes ou poissons en utilisant la cuisson idéale pour la santé qui est le « soft steam cooking ». Les changements sont possible et en France de plus en plus de familles s’y sont mis.

On observe des pertes de poids, des réductions ou suppressions médicamenteuses, et de la joie de se libérer de tous ces carcans.

Un autre grand problème de la santé aux Etats-Unis, est l’augmentation des intolérances alimentaires.

Même observation en France. Beaucoup d’enfants dans les écoles ont des problèmes d’allergie et de plus en plus d’adultes. Les rasions sont multiples : notre alimentation n’est pas adaptée souvent à l’organisme humain, on vaccine trop et trop tôt.. Il y a là des intérêts financiers énormes et beaucoup de lobbies ont intérêt à ce que rien ne change.

Ainsi l’organisme se rebelle en fabriquant des anticorps nombreux qui se retournent contre nous d’où l’apparition de très nombreuses maladies auto-immunes : thyroïde, fibromyalgie, polyarthrite, maladies neurodégénératives (SEP, Parkinson, Alzheimer, démences précoces), maladies de Crohn, rectocolites…

Et ici, on voit de nombreuses personnes en souffrir et développer des symptômes qui jusqu’alors n’étaient pas liés à cela. Notamment le gluten :

Oui le Gluten moderne est catastrophique pour l’organisme, à l’origine de perméabilité intestinale et toutes ses conséquences.

Si on considère des gens comme Perlmutter, auteur du livre Grain Brain dont vous avez préfacé la version française, diriez vous que ces gens sont des précurseurs ?

Non, nous le savions déjà en particulier avec le livre de mon collègue Jean Seignalet de Montpellier que j’ai préfacé en 1992 : Alimentation, 3ème Médecine.. Nous n’avons pas osé dire 1ère médecine. Aujourd’hui on choisirait 1ère médecine.

Je pense que la France est nettement en avance. Je le vérifie dans mes conférences où viennent des milliers de personnes comme en Belgique et Suisse et cela vient dans les autres pays européens en passant d’abord par les compléments alimentaires.

A votre avis dans la nourriture actuelle qu’est ce qui est le plus préoccupant ?

Les produits laitiers et les glutens ajoutés ou génétiquement modifiés, puis les viandes rouges et l’insuffisance en poissons et fruits de mer…

Aux Etats-Unis, 50% des enfants sont malades et les experts s’accordent à dire que c’est la toxicité de l’environnement, ajouté à la malbouffe, qu’en pensez-vous ?

Je le crois tout à fait et cela vient en France avec surpoids et obésité en premier.

Pouvez vous citer au moins 3 moyens de diminuer l’incidence la toxicité de l’alimentation

1/ choisir Bio de proximité

2/ supprimer les produits laitiers des gros animaux et ne consommer que petits animaux sous forme de fromages à pâte cuite et dure à mastiquer pas plus de 3 fois par semaine.

3/ cuisson rapide à la vapeur douce qui est la cuisson idéale pour la Santé de tous…

Pensez vous qu’avec les prises de conscience actuelles, nous arriverons à renverser la tendance ?

Oui certainement et plus vite qu’on le pense, du fait des nombreuses maladies dans toutes les familles et du fait que le gens cherchent le solution et ont compris les relations alimentation-santé.


Voilà, merci au Professeur Henri Joyeux. J’aurais eu encore de nombreuses autres questions à lui poser.

Le Pr Joyeux a écrit de nombreux livres :

Et Christine Bouguet-Joyeux, son épouse a écrit : Guide pratique de gastronomie familiale

2 réflexions sur “{Nutrition} Rencontre avec le Professeur Henri Joyeux”

  1. Bonjour,
    Très intéressant! Je suis retraitée (65 ans) et je réside actuellement à Tahiti où la nourriture provient essentiellement des Etats-Unis; Le diabète ici est très préoccupant et des campagnes d’information sont fréquentes sur ce sujet.
    Je vais rentrer définitivement en Métropole en juin prochain et je sais que je vais changer radicalement ma façon de me nourrir car suivant où l’on habite, on ne trouve pas toujours les bons produits. Ici, je fais une vraie cure de fruits qui sont délicieux.
    Je lis régulièrement les lettres du Pr Joyeux et j’essaie de suivre ses conseils. Je suis désormais en recherche de mieux-être pour continuer à vivre due la façon la plus saine possible.
    Merci à vous pour le partage des résultats de vos recherches
    Bien cordialement.
    Viviane

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